"Il est temps que l’Europe joue un rôle plus important au Proche-Orient"

"Le gouvernement belge condamne la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël" a déclaré le Premier ministre Charles Michel. D’après le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders c’est à présent à l'Europe de jouer un rôle plus important dans le processus de paix au Proche-Orient. "Même si l'Amérique devra toujours être un partenaire".
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Didier Reynders a rencontré mardi son homologue américain Rex Tillerson pour lui déclarer que la relocalisation de l'ambassade américaine à Jérusalem était une très mauvaise décision. "Parfois, il est possible d'avoir de l'influence, mais le président Trump avait déjà pris sa décision", a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères dans "De ochtend" (VRT). "C'était aussi une promesse électorale de Trump. Nous assistons de plus en plus à une nouvelle évolution aux États-Unis vers une politique unilatérale sans véritable discussion avec ses partenaires".

C'est pourquoi le ministre belge des Affaires étrangères estime qu'il est temps que l'Union européenne joue un rôle plus important dans ce dossier. "Nous sommes le premier partenaire commercial d'Israël et le premier bailleur de fonds du gouvernement palestinien. Depuis l’Europe, nous devrions essayer d'organiser un contact direct entre les deux partenaires".

De nouveaux pourparlers de paix seront menés cette fois par l'Europe. Lundi prochain, il y aura déjà une rencontre informelle à Bruxelles entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et la haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères Federica Mogherini et en janvier c’est le président palestinien Mahmoud Abbas qui se rendra à Bruxelles. Mais Didier Reynders souligne:" Il faudra toujours que les Etats unis fasse partie (ndlr des négociations). Il est impossible de parvenir à un accord sans la pression américaine sur Israël".

"La décision de Trump est très dangereuse"

Didier Reynders qualifie la décision de Donald Trump de " très dangereuse". La diplomatie belge craint que cette démarche embrase la région. Les Affaires étrangères ont légèrement adapté leur avis de voyage pour Israël où il est conseillé aux Belges présents à Jérusalem de se tenir à l'écart des manifestations qui ont été convoquées.

Pour Didier Reynders, la solution de deux États reste la seule option pour résoudre la question palestinienne. "En ce sens, il était très utile de l’entendre de la bouche du président américain. C'était une bonne chose. Mais une solution à deux États n'est possible qu'avec un véritable processus de négociation. Une décision unilatérale ( ndlr comme la reconnaissance de Jérusalem comme capitale) est donc un peu étrange".

Le ministre de l'Intérieur, Jan Jambon (N-VA), a demandé un analyse de contexte à l'Organe de Coordination de l'Analyse de la Menace (Ocam). Sur la base de cette analyse, il évaluera la nécessité de prendre des mesures de sécurité complémentaires avec le Centre de crise. Pour l'heure, de telles mesures ne sont pas prévues. Les services belges redoutent que les déclarations des uns et des autres ne réveillent des ardeurs en Belgique.

La Belgique "condamne" la décision de Trump

"Nous condamnons cette déclaration" du président américain Donald Trump annonçant une reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël et le transfert de l'ambassade américaine de Tel Aviv vers Jérusalem, a indiqué jeudi à la Chambre le Premier ministre Charles Michel.

Le chef du gouvernement belge a plaidé en faveur d'un renforcement de la diplomatie européenne au Proche-Orient. Pressé par nombre de parlementaires, il a fait connaître son intention d'évoquer sur le terrain diplomatique la résolution du parlement belge appelant à la reconnaissance d'un Etat palestinien, estimant qu'une reconnaissance formelle ne pourrait avoir lieu que dans un cadre européen.

L'opposition a noté l'évolution de la réaction de la Belgique à cette annonce du président Trump qui avait été qualifiée de "regrettable" par le ministre des Affaires Didier Reynders. Si elle a salué cette évolution, elle a regretté un manque d'ambitions dans les actes, soulignant notamment la possibilité pour la Belgique d'oeuvrer, sur le plan bilatéral, à la reconnaissance d'un Etat palestinien.

Ambassadrice israélienne : "C'est la reconnaissance d'une histoire qui a 3.000 ans"

La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par les Etats-Unis consacre un fait qui a 3.000 ans, selon l'ambassadrice israélienne en Belgique, Simona Frankel.

"C'est une décision historique mais aussi une décision (qui consacre) la réalité. Ce n'est pas le président américain Trump qui a déclaré Jérusalem comme la capitale du peuple juif mais le Roi David il y a 3.000 ans. C'est la reconnaissance d'une histoire qui a 3.000 ans", a-t-elle déclaré sur les ondes de La Première.

Les résolutions des Nations Unies à propos des territoires palestiniens, dont fait partie Jérusalem-est, ne modifient pas la donne, à entendre la représentante israélienne. "Les décisions d'organisations internationales ne peuvent pas changer la réalité", a-t-elle dit.

L'ambassadrice invite l'Union européenne à suivre l'exemple américain. "Les Palestiniens comprendront alors qu'il n'y a pas d'autre choix et qu'il faut retourner à la table des négociations pour arriver à la paix", a-t-elle affirmé.

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