Deux cents bourgmestres catalans sont à Bruxelles

Ce mardi midi, quelque 200 bourgmestres originaires de la région espagnole de Catalogne sont arrivés pour une journée dans la capitale de l’Europe pour apporter leur soutien au gouvernement catalan déchu, dont le président Carles Puigdemont et quatre ministres sont exilés à Bruxelles. Les maires veulent dénoncer l’action du gouvernement espagnol, de la justice et la police. A Bruxelles aussi ce mardi, une délégation d’entrepreneurs catalans militait contre l’indépendance de la Catalogne.

Les deux cents maires catalans - sur 900 bourgmestres au total en Catalogne - sont arrivés vers 14h au cœur du quartier européen à Bruxelles. Ils souhaitent témoigner leur solidarité au gouvernement déchu de Carles Puigdemont, accusé de rébellion pour avoir proclamé unilatéralement l'indépendance le 27 octobre dernier. Huit anciens ministres ont déjà été placés en détention en Espagne.

"Sept-cent maires catalans risquent d'être poursuivis par la justice dans les prochains jours parce qu'ils sont pour l'indépendance", affirme le député européen Jordi Solé, également bourgmestre de la commune de Caldes de Montbui. "Nous sommes venus à Bruxelles afin d'expliquer que notre gouvernement n'a fait que suivre la volonté des électeurs catalans. Avec le référendum, nous espérions obtenir un dialogue, mais nous avons subi des violences policières et des poursuites", selon Solé.

La délégation catalane souhaite que l'Union européenne s'exprime de manière ferme sur les événements en Espagne. "Nous, Catalans, avons toujours cru dans les affaires européennes, mais nous nous sentons abandonnés. Les déclarations du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker selon lesquelles le gouvernement applique la loi amplifient notre déception. Mais ce n'est pas nouveau que les institutions européennes sont du côté de Madrid."

Pour Ramon Tremosa i Balcells, député européen au sein de la fraction libérale ALDE, l'Union européenne se détourne de deux principes de base. "Nous demandons que l'UE respecte ses propres traités. Les actions du gouvernement espagnol et les poursuites de la justice entrent en opposition avec la liberté d'expression et le droit de rassemblement. De plus, le gouvernement enfreint le principe de non-agression militaire sur son propre peuple."

De l'autre côté du rond-point Schuman, une trentaine de militants unionistes (pour l'unité de l'Espagne) s’était rassemblée. Il n'y a pas eu de débordements. Les bourgmestres catalans devaient tenir une conférence de presse à 17h au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (photo).

Des entrepreneurs catalans à Bruxelles, contre l’indépendance

Une dizaine d'entrepreneurs catalans s’étaient rassemblés au Parlement européen à Bruxelles, ce mardi, pour expliquer leur position contre l'indépendance de la Catalogne. Ils craignent des conséquences économiques désastreuses pour cette région qui représente 19% du PIB espagnol.

Président de l'association Empresaris de Catalunya (entrepreneurs de Catalogne), Josep Bou a qualifié l'indépendance de la Catalogne de "grave erreur" et dénoncé un nationalisme contre une partie des Catalans et contre l'Espagne. "L'Espagne est un pays démocratique avec une justice libre et indépendante", a-t-il relevé, répondant au président catalan déchu Carles Puigdemont, exilé à Bruxelles car la justice espagnole ne lui offre pas la garantie d'un procès impartial, selon lui.

Pour Carlos Rivadulla (photo), entrepreneur et vice-président de l'association, l'indépendance de la région est synonyme de dommages pour l'économie tant catalane qu'espagnole. "L'instabilité politique signifie une instabilité économique". Depuis le début de la crise politique en Catalogne, de nombreuses entreprises ont déplacé leur siège vers Madrid ou d'autres villes, les secteurs les plus touchés étant ceux de l'énergie, des assurances ou encore de la pharmacie, selon Rivadulla.

Il craint qu'elles ne quittent définitivement la Catalogne si la région devenait réellement indépendante. Au deuxième trimestre de l'année, les investissements étrangers ont baissé de 10,2%, alors qu'ils ont augmenté de 12,8% au niveau de l'Espagne, a-t-il souligné. "Les conséquences se font déjà sentir sur les réservations dans les hôtels et restaurants, la consommation ou le chômage qui a connu une forte hausse en octobre".

Le mouvement séparatiste de Carles Puigdemont est "égoïste et stupide d'un point de vue économique". "La prospérité ne tombe pas du ciel, mais elle s'inscrit dans un système, un système qui s'appelle l'Espagne. Ce sont des synergies et des collaborations qui créent quelque chose de plus grand. Il faut sauver les Catalans du séparatisme", a-t-il conclu.

La Catalogne traverse une grave crise politique depuis le référendum sur l'indépendance organisé par les séparatistes le 1er octobre, qui ont ensuite proclamé unilatéralement l'indépendance de la région le 27 octobre dernier.

Carles Puigdemont (photo) et quatre de ses ministres se sont exilés à Bruxelles, alors qu'ils sont visés par des mandats d'arrêt européens émis par la justice espagnole. Des élections anticipées ont été convoquées le 21 décembre. Empresaris de Catalunya espère les voir remportées par une coalition qui "respectera la constitution espagnole".

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