La Belgique et la France en lutte concertée contre le terrorisme

A l’issue de l’entretien qu’ils ont eu ce lundi au Lambermont à Bruxelles, et qui a largement porté sur les questions bilatérales et européennes, le Premier ministre belge Charles Michel et son homologue français Edouard Philippe (photo) ont annoncé qu’un conseil des ministres belges et français concernés par la lutte contre le terrorisme et la coopération à ce sujet entre les deux pays voisins aura lieu "avant la fin du printemps 2018 à Paris".

"Nous avons pris la décision de principe d'organiser l'année prochaine une nouvelle réunion conjointe, ministérielle, réunissant les différents ministres en charge de la sécurité, afin de faire l'état d'avancement des décisions prises dans le passé et voir comment on peut continuer à conforter les liens en terme de coopération sécuritaire dans la lutte contre le terrorisme", a déclaré le chef du gouvernement fédéral. Cette réunion aura lieu "avant la fin du printemps 2018", a précisé Edouard Philippe au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue belge à l'issue de la rencontre au Lambermont. Elle se tiendra à Paris.

Les deux gouvernements avaient déjà tenu en février 2016 à Bruxelles un conseil des ministres conjoint consacré à ce thème - alors que le Premier ministre français était Manuel Valls -, des équipes conjointes d'enquêteurs ont été mises sur pied et les parquets (fédéral en Belgique et de Paris en France, spécialisés en la matière) coopèrent étroitement.

Les deux Premiers ministres ont également décidé d'aller plus loin en mettant en place un groupe de travail franco-belge sur l'action pénale contre la criminalité et le terrorisme. Ce groupe sera piloté par les ministres de la Justice. "Le flux de coopération judiciaire en matière pénale entre la France et la Belgique est l'un des plus importants en Europe. Cette coopération se développe sur la base de la confiance mutuelle entre nos juges et nos procureurs, traduction concrète de l'espace judiciaire européen", ajoute la déclaration commune.

Lutte coordonnée contre la radicalisation

En février 2016, un poste de magistrat de liaison français en Belgique avait été créé. "Nous avons décidé d'approfondir encore cette relation bilatérale: le groupe de travail franco-belge sur l'entraide judiciaire sera chargé notamment d'accompagner la mise en œuvre de la Décision d'Enquête européenne, nouvel outil de l'Union européenne à la disposition de nos juridictions depuis mai 2017. Il permettra également de coordonner nos positions dans le cadre des négociations au sein de l'Union européenne, en particulier sur les enjeux du numérique et du chiffrement des communications pour les enquêtes pénales", selon Michel et Philippe.

Les deux Premiers ministres ont également annoncé une "accentuation" de la coopération dans la lutte contre la radicalisation violente en milieu carcéral et sur le renseignement pénitentiaire, ainsi qu'un échange d'expérience dans la prise en charge des mineurs de retour de la zone irako-syrienne.

"La France et la Belgique ont été les deux pays européens le plus touchés par le phénomène des combattants terroristes étrangers, avec les conséquences dramatiques que l'on sait. L'une des menaces qui nous touche désormais de plein fouet est le retour de ces djihadistes en France et en Belgique. Parmi eux se trouvent de nombreux enfants. Leur prise en charge judiciaire, sociale, éducative voire sanitaire est un enjeu capital. Nous ne pouvons pas laisser ces enfants, parfois très jeunes, presque toujours traumatisés et endoctrinés, devenir des bombes à retardement pour nos sociétés", précise la déclaration.

Dans ce texte, Charles Michel et Edouard Philippe indiquent souhaiter la mise sur pied d'une "quadripartite ministérielle" au niveau des ministres de la Justice plus large, car associant également l'Espagne et le Maroc, "pour faire face ensemble au terrorisme islamiste".

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