Reynders : "Nous tentons d’éviter une escalade"

Le ministre belge des Affaires Etrangères Didier Reynders (photo) estime que les frappes américaines contre une base aérienne détenue par le régime syrien, dans la nuit de jeudi à vendredi, sont "compréhensibles après les différentes attaques chimiques imputables à Al-Assad". Mais l’Union européenne veut éviter l’escalade. Le ministre de la Défense, Steven Vandeput, indique pour sa part que la Belgique, tout comme les autres partenaires de coalition des USA, avait été mise au courant de "l’action unilatérale" américaine.

La base d'al-Chaayrate, dans la province de Homs (centre de la Syrie), a été frappée vers 2h40 du matin (heure belge) par 59 missiles Tomahawk tirés par les navires américains USS Porter et USS Ross croisant en Méditerranée (photo). Dans une première réaction à la presse, ce vendredi matin, le ministre des Affaires Etrangères Didier Reynders (MR) a estimé que ces frappes américaines contre une base aérienne du régime syrien sont "compréhensibles après les différentes attaques chimiques imputables à Bachar Al-Assad".

Et Reynders d’ajouter : "La Belgique et ses partenaires européens doivent tenter d'éviter l'escalade. Il est temps que l'Union européenne prenne l'initiative en faveur du dialogue entre les parties. La situation est particulièrement complexe, mais une solution politique est la seule voie possible", a déclaré le chef de la diplomatie belge.

Le ministre a en outre plaidé pour une "véritable enquête" sur l'attaque aux armes chimiques qui a fait mardi des dizaines de morts à Khan Cheikhoun, un village du nord-ouest de la Syrie, dans la province d'Idleb. Il faudra des "sanctions à l'encontre des responsables", a-t-il ajouté.

Didier Reynders a également rappelé que la Belgique estimait que le président syrien Bachar al-Assad ne pourrait pas rester au pouvoir à l'issue de la transition politique, après "les actions barbares" prises par son régime.

La Belgique prévenue d’une action "unilatérale"

Les Etats-Unis ont prévenu durant la nuit leurs partenaires de la coalition anti-Etat islamique (EI) qu'ils menaient une "intervention unilatérale" contre une base aérienne syrienne avec des missiles de croisière, à la suite de l'usage présumé d'armes chimiques par le régime du président Bachar Al-Assad contre des civils, a pour sa part affirmé le ministre de la Défense. Steven Vandeput (photo) n’a pas pris position sur l'opportunité et la légalité de cette action.

"Nous avons été tenus au courant quand l'opération a débuté, quand les (missiles de croisière lancés de navires) Tomahawk sont partis", a-t-il affirmé en marge d'une cérémonie annuelle d'hommage aux soldats belges morts en opération depuis 1945 à Bruxelles.
C'est le chef de la Défense (Chod), le général Marc Compernol, qui a été le premier informé et qui a prévenu son ministre de tutelle. "Les Américains ont fait ce qu'ils ont dit qu'ils allaient faire" en cas d'utilisation d'armes chimiques par Damas, a ajouté Steven Vandeput (N-VA).

Selon le ministre, les Etats-Unis "avaient dans le passé dit 'les armes chimiques, cela ne va pas' et nous interviendrons". "Et ils l'ont fait", a-t-il commenté. "Les Américains ont réagi à leur façon. Il n'est pas question d'approuver. C'est une action unilatérale des Américains".

Steven Vandeput a toutefois rappelé que plusieurs de ses collègues - les ministres des Affaires Etrangères et de la Coopération au développement, Didier Reynders et Alexander De Croo - "avaient fortement réagi" contre l'utilisation présumée d'armes chimiques qui a fait mardi des dizaines de morts à Khan Cheikhoun.

"Nous (la Belgique) n'avons en aucune manière participé à cette opération" américaine contre la base d'al-Chaayrate et le reste de la coalition internationale - une soixantaine de pays et d'organisations - n'est pas concerné, a-t-il ajouté. Le ministre a exprimé l'espoir que cette crise "ne connaîtra pas d'escalade supplémentaire". "J'espère que cela restera isolé".

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