Jacky Morael, figure historique des Verts, est décédé

L'ancien secrétaire fédéral d'Ecolo, Jacky Morael, est décédé, a annoncé mardi le parti. Figure historique des Verts francophones, il fut l'artisan de la victoire des écologistes aux élections de 1999 et de leur première participation à des gouvernements, mais aussi celui qui dut s'effacer pour permettre cette participation.

Né près de Liège en 1959, se destinant d'abord au journalisme, Jacky Morael s'était imposé dans les années 1980 et 1990 comme la figure de proue des écologistes francophones, qu'il avait contribué à imposer sur l'échiquier politique belge aux côtés des trois familles politiques traditionnelles (socialiste, libérale et démocrate-chrétienne).

Il fut conseiller municipal à Liège, député et sénateur. Il avait reçu le titre honorifique de Ministre d'Etat des mains du roi Albert II en 2002.

Mais c'est en tant que dirigeant d'Ecolo, un parti créé au début des années 1980, qu'il avait remporté le plus grand succès du parti vert francophone belge. Jacky Morael a imprimé sa marque à toute une génération d'écologistes. Il a sorti l'écologie politique de la marginalité.

Dans une Belgique secouée par la crise de la dioxine et en quête de renouveau politique après l'affaire Dutroux, il avait mené les écologistes à la victoire lors des législatives de juin 1999, les portant à plus de 20% des voix côté francophone.

Les verts allaient intégrer alors pour la première et dernière fois le gouvernement fédéral et rejoindre la coalition "arc-en-ciel" (libérale, socialiste, écologiste) dirigée par le libéral flamand Guy Verhofstadt.

Mais, meurtri à l'été 1999 par le décès de sa fille adolescente, terrassée par une méningite, et soupçonné par une partie des militants écologistes de vouloir privilégier ses ambitions personnelles, il ne deviendra pas ministre.

Depuis, il s'était progressivement effacé de la vie politique, dont il restait toutefois un observateur écouté.

Hommage unanime de la classe politique belge

Les hommages de la classe politique à Jacky Morael se succèdent et vont bien au-delà de sa famille écologiste. Jean-Marc Nollet, chef de groupe Ecolo-Groen à la Chambre, a posté sur Twitter une photo de son mentor accompagné de la mention "Un homme. Un maître. Mon maître".

Le Premier ministre Charles Michel estime que "notre pays perd un homme attachant doté d'une intelligence politique extraordinaire". "Il a fait passer Ecolo d'un mouvement d'idées et de contestation à un mouvement touchant la société plus largement et capable de participer à un gouvernement. Il a rendu possible des compromis, ce qui n'a pas toujours été salué par tous au sein de son parti", a réagi le vice-premier ministre Didier Reynders, qui l'a longuement côtoyé, notamment à Liège.

Guy Verhofstadt se souvient pour sa part de Jacky Morael comme d'un "homme politique passionné et innovateur". "Il a porté son parti à des sommets inédits et était l'une des forces motrices du gouvernement arc-en-ciel, qu'il a aidé à mettre sur pieds."

"La disparition de Jacky Morael est une grande perte pour l'écologie politique du pays, mais aussi pour l'ensemble des femmes et des hommes qui ont pu travailler avec lui ou simplement le côtoyer", estime le président du PS, Elio Di Rupo. "Il était d'une grande droiture et d'une parfaite intégrité, un exemple d'engagement et de conviction."

Il "a su conjuguer les talents d'homme d'Etat, de stratège politique ainsi que de pédagogue au regard pétillant", réagit le président du cdH Benoit Lutgen. "La politique belge perd bien trop tôt un de ses grands talents."

Le porte-parole du PTB, Raoul Hedebouw, a lui des "pensées émues" en repensant à "tous les débats constructifs" qu'il a eus avec Jacky Morael.

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