CETA : Selon André Antoine, "il ne sera pas possible de respecter l'ultimatum"

Le président du parlement de Wallonie, André Antoine (CDH), estime qu'il ne sera pas possible de respecter l'échéance de lundi fixée par le Conseil européen pour la signature du traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada.

Les échéances se sont succédées dans ce dossier: jeudi, vendredi, dimanche et ce lundi. "Ce ne sera pas possible", a déclaré André Antoine sur les ondes de Bel-RTL.

Le député centriste appelle les auteurs de ce traité à mettre de l'ordre dans la "marmelade de textes" qui le composent, entre le traité lui-même, ses nombreuses annexes et ses déclarations interprétatives, les échanges de courrier, etc.
"Ça n'est pas sérieux", a-t-il ajouté.

Selon lui, un travail de codification s'impose, qui permettrait de confirmer les engagements pris dans des textes.

"Un ultimatum n'est pas compatible avec un processus démocratique"

Le président du Conseil européen --qui représente les 28 Etats de l'UE--, Donald Tusk a donné dimanche à la Belgique jusqu'à lundi soir pour dire si - "oui ou non" - elle peut signer le CETA, mais l'ultimatum a d'ores et déjà eté rejeté par la région belge de Wallonie qui bloque l'accord depuis plusieur jours.

Sans le feu vert de la Belgique, le sommet et la signature programmés jeudi à Bruxelles, en présence du Premier ministre canadien Justin Trudeau, seront annulés.

Dimanche soir, le chef de gouvernement de Wallonie, Paul Magnette (PS), avait fait savoir, par son porte-parole à l'AFP, qu'il considérait qu'un tel ultimatum "n'était pas compatible avec le processus démocratique". Il "a toujours refusé de s'installer dans un timing contraignant", avait souligné le porte-parole.

"On n'est pas Astérix. On n'a pas de potion magique"

André Antoine juge encore que la Wallonie n'a pris personne par surprise. Le 27 avril, l'assemblée a approuvé une résolution détaillée sur le CETA après deux ans de travail, a-t-il rappelé. André Antoine a averti en personne la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, des problèmes qui risquaient de se poser lors d'un forum de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à Genève en septembre. A l'entendre, ces réticences n'ont pas été considérées à leur juste valeur. Les instance européennes pensaient que les autorités wallonnes rentreraient dans le rang.

Plusieurs aspects du traité posent encore problème à la Wallonie: le mode de règlement des litiges dont la résolution ne sera confiée à une cour multilatérale que dans un second temps, l'absence de clauses de sauvegarde réciproques en matière agricole ou les appellations d'origine qui permettraient à des entreprises américaines de se faufiler dans le dispositif de libre-échange.

Un comité de concertation aura lieu à 13h00 pour déterminer la réponse de la Belgique à l'ultimatum européen. Cette réunion associera les représentants des exécutifs fédéral, régionaux et communautaires. Le président du parlement wallon semble mettre en cause un manque de collégialité du gouvernement fédéral.

Dimanche, l'AFP a fait état d'un document "intitulé Déclaration du Royaume de Belgique (et des États membres...) avec le soutien de la Commission européenne, sur la protection des investissements et la Cour d'investissement (ICS)" censé répondre aux réserves wallonnes. "Charles Michel ne nous a pas consultés. Quand on parle de la Belgique, c'est n'est pas seulement le nord du pays ou Bruxelles", a souligné M. Antoine.

Les autorités régionales ne sont pas hostiles au libre-échange avec le Canada. "Nous voulons un traité", a affirmé André Antoine.

La Wallonie apparaît aujourd'hui comme le village gaulois qui résiste à l'Empire romain. "On n'est pas Astérix. On n'a pas la potion magique. On n'a que la force de nos convictions", a répondu le président.

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