"Un plan pour améliorer encore nos prestations sportives à Tokyo"

Le ministre flamand des Sports, Philippe Muyters (photo), se dit particulièrement satisfait des prestations du Team Belgium à Rio, à savoir 6 médailles et 19 prestations parmi les huit meilleures de leur discipline respective. "C’est phénoménal", d’après lui, mais il présentera en décembre un plan d’action pour apporter encore des améliorations en vue des Jeux Olympiques de 2020 au Japon.

Les Jeux Olympiques de Rio de Janeiro demeureront un grand moment dans l'histoire du sport belge. Leur bilan de six médailles (la septième a été ratée de 3/100es de seconde par le quatuor du relais 4x400m masculin) est le plus beau depuis vingt ans et les Jeux d’Atlanta. Six médailles, dont deux en or, dans des sports majeurs comme le cyclisme, l'athlétisme, la natation et le judo. Et un premier podium dans un sport collectif (le hockey) depuis 80 ans.

"C’est phénoménal", réagissait ce lundi le ministre flamand des Sports, Philippe Muyters. "Et je ne pense pas qu’aux six médailles, mais aussi aux quatre quatrièmes places et aux nombreuses places dans le top 8 obtenues par des Belges, dans les disciplines les plus diverses. C’est fantastique".

Philippe Muyters constate aussi que "tous les sports sur lesquels nous avons mis l’accent après les Jeux Olympiques de Londres ont obtenu des récompenses à Rio". Quel rôle a joué dans ce succès la politique menée par la Flandre dans le domaine des sports de haut niveau ? "Ce sont les sportifs qui doivent prester. Mais nous devons veiller à ce que leur environnement leur permette d’épanouir au mieux leurs talents", répondait le ministre.

"Et nous y sommes bien arrivés. Après les JO de Londres en 2012, nous avons choisi dix sports sur lesquels nous avons concentré notre énergie, et nous avons rassemblé sur un campus les activités qui concernent ces sports. A Anvers, c’est la natation et le hockey, à Gand la gymnastique et le cyclisme sur piste. Ainsi, nous pouvons investir dans une infrastructure adéquate, les talents peuvent se rencontrer et les forces s’unir".

Motiver aussi la jeune génération

"Nous voulons continuer à aller dans ce sens. Nous ne nous reposerons pas sur nos lauriers. Nous pouvons, et nous devons mieux faire encore. Nous ne devons pas nous attendre à recevoir davantage d’argent pour les sports de haut niveau, mais nous pouvons utiliser plus judicieusement les moyens que nous avons à notre disposition. Après ces Jeux, je vais tout réévaluer, avant de lancer en décembre un quatrième plan d’action pour les sports de haut niveau. Nous voulons prester encore mieux en 2020, à Tokyo".

"Nous allons nous concentrer sur une approche globale autour de certains sports, pour lesquels il y aura de bonnes infrastructures, de bons entraineurs et un soutien scientifique. Mais nous voulons aussi soutenir les sports qui peuvent inspirer. Gagner des médailles est une chose, mais à travers les sports de compétition, je veux aussi encourager les jeunes à bouger davantage", concluait Philippe Muyters.

Ces Belges qui ont brillé à Rio

Au premier jour des Jeux Olympiques, le coureur cycliste Greg Van Avermaet est parti à la poursuite du Polonais Rafael Majka échappé à quelques kilomètres de l'arrivée de la course en ligne de cyclisme avant de s'imposer dans un sprint à trois. Habitué aux places d'honneur, le Termondois goûte à 31 ans à un triomphe longtemps promis.

Elle restera la Femme de Rio pour toute la Belgique. La Namuroise Nafissatou Thiam (photo) est devenue à 21 ans l'athlète la plus complète de la planète. En dépit d'une blessure au coude, qui l'a handicapée lors des épreuves de lancer, elle a pulvérisé son record personnel de 305 points pour réaliser la meilleure performance mondiale de l'année (6810 points) et un nouveau record de Belgique, améliorant au passage 5 records personnels en sept épreuves. En l'espace de trois ans, elle est passée de première juniore européenne à première mondiale chez les seniors.

Pieter Timmers (28 ans) l'avait affirmé, et peu de gens imaginaient que ce serait possible, monter sur le podium de l'épreuve-reine de la natation, le 100m nage libre. Le Limbourgeois, sans faire de vagues, a surgi dans l'ultime effort pour s'emparer de l'argent. Lui aussi a établi un nouveau record de Belgique, de valeur mondiale (47.80). Il n'était que 12e il y a quatre ans à Londres. Seul nageur professionnel belge, il a su mettre à profit les efforts de la Ligue flamande et notamment les nouvelles installations du Wezenberg à Anvers.

Voilà 80 ans qu'une équipe de Belgique, dans un sport collectif, n'était plus montée sur un podium olympique. A Berlin, en 1936, le water-polo (masculin) avait enlevé le bronze. A Rio, les hockeyeurs ont réussi un magnifique tournoi en s'offrant des succès mérités contre la Grande-Bretagne (FIH 4), l'Australie (FIH 1), l'Inde (FIH 5) et les Pays-Bas (FIH 2), toutes des équipes mieux classées qu'eux, qui étaient 6es au ranking mondial. Seule a manqué l'apothéose en finale face à l'Argentine (FIH 7). Une défaite (2-4) logique au terme d'un match de moindre facture. Parmi les candidats belges déclarés au podium, les Red Lions ont été les seuls exacts au rendez-vous. Là encore, c'est un travail de dix années qui a été récompensé.

Si la Belgique espérait briller en judo, c'était surtout grâce à la double championne d'Europe Charline Van Snick (-48 kg) et à Toma Nikiforov (-100 kg). C'est finalement le vétéran de l'équipe, Dirk Van Tichelt (-73 kg), qui a une relation particulière avec Rio, qui a impressionné. Et ce n'est pas l'œil au beurre noir récolté au soir de sa médaille dans la cité carioca qui fera perdre le sourire à cet éternel optimiste qui restait pourtant sur une saison blanche en termes de résultats.

La cycliste Jolien D'hoore a très souvent manqué les podiums des grands championnats. Sa très bonne préparation lui a permis cette fois de franchir un palier, en prenant la 3e place. De quoi terminer sa carrière dans l'omnium sur piste sur la plus belle note qui soit. Elle va désormais se consacrer à la route sans délaisser tout à fait les anneaux de vitesse.

Conscient de la difficulté de remporter des médailles, le Comité Olympique et Interfédéral Belge avait, avant la quinzaine sud-américaine, insisté sur la valeur que représentait une place dans le Top 8, celle de finaliste qui rapporte à son auteur un diplôme olympique. Elles sont au nombre de treize, en plus des six médailles.

A cet égard, les quatre quatrièmes places ont des goûts différents. Celle du skiffeur en aviron Hannes Obreno représente une splendide performance. "Il a livré une formidable finale, lui qui n'était pas qualifié pour celle-ci l'an dernier au Mondial", souligna Eddy De Smedt. Celle de Thomas Pieters doit être douce-amère. Sans un 3e tour catastrophique, le podium lui aurait ouvert les bras. A 24 ans, l'Anversois a confirmé un superbe potentiel, mais il a raté une belle occasion de le concrétiser. Celle d'Evi Van Acker est regrettable. "Elle devait aller sur le podium mais le facteur maladie est intervenu", remarqua le chef de mission. Régulière depuis tant d'années, préparée comme jamais, elle a payé cher un gros coup de fatigue lié à une infection gastro-intestinale, un jour de grand vent. Bien revenue par la suite, une erreur dans la Medal Race lui a fait perdre tout espoir de rééditer sa médaille gagnée en 2012 lors des JO de Londres.

La plus amère est sans aucun doute celle du relais 4X400m qui échoue à 3/100es de seconde du podium. Julien Watrin, Jonathan Borlée, Dylan et Kevin Borlée ont pulvérisé le record de Belgique, en 2:58.52, mais il leur a manqué "ce rien du tout qui fait une grosse différence", comme le soulignait le soir de la course Jonathan Borlée. "A ce niveau, cela se joue sur des détails pas toujours contrôlables", analysait Eddy De Smedt.

Les taekwondoïstes Jaoaud Achab (-68 kg), qui rêvait de l'or que lui permettait sa place de N.1 mondial, et la nouvelle Belge d'origine iranienne Raheleh Asemani (-57 kg), qui espérait un podium, se sont classés cinquièmes, après avoir perdu parfois de justesse le combat pour la médaille de bronze. "Ils se sont mis une pression incroyable en annonçant une médaille. Ce sport se joue parfois sur une touche et avec deux 5e places, ils n'ont pas été loin du podium", estima De Smedt.

Marten Van Riel est la bonne surprise du triathlon. Loin de profiter des airs de vacances qu'offrait la plage de Copacabana, il a décroché une 6e place qui, à 23 ans, est teintée d'espoir. "Chapeau", a déclaré le directeur du sport de haut niveau, qui a été épaté par la manière de faire du jeune qui est toujours membre d'un projet BeGold. "C'est un des symboles les plus positifs. Par sa manière de faire. Il a pris des initiatives pour rester avec les meilleurs." Il ne figurait qu'au 38e rang du ranking olympique.

Elke Vanhoof a rempli son contrat avec sa 6e place dans le BMX féminin. Dennis Goossens a lui créé une très belle surprise en terminant 8e en finale des anneaux, l'agrès des hommes forts de la gymnastique artistique. "Il n'avait qu'une chance et il l'a saisie. C'est du 100%. C'est incroyable, ce qu'il a réalisé."

La médaille d'argent inattendue de Timmers a fait passer au second plan les finales des relais masculin en 4X100 et 4X200 mètres et de Louis Croenen sur 100m papillon. Glenn Surgeloose, Jasper Aerents, Emmanuel Vanluchene et Timmers ont fini 6es du premier, avec Dieter Dekoninck en séries. Louis Croenen, Dekoninck, Surgeloose et Timmers ont fini 8es du second. "Si je devais mettre en exergue une prestation réalisée en fonction des conditions (pour les réaliser), celle qui a tout mon respect est celle qu'ils ont réalisée dans le 4X200 m. Ils ont hésité jusqu'à la dernière seconde à nager ou pas et cette prestation est une des plus grandes de ces Jeux." Huitième, c'est aussi le classement de Louis Croenen qui a accepté de se mettre au service du relais et qui sans cela "aurait pu viser une 6e ou une 7e place."

La 8e place du décathlonien Thomas Van Der Plaetsen (photo ci-dessous) n'est sans doute pas la moins belle des places de finaliste. Le champion d'Europe, frappé par le cancer il y a moins de deux ans, a remonté le pente au point de dépasser ses performances antérieures. Son record personnel de 8332 points, à 25 ans, est aussi une formidable leçon de vie.

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