"Un referendum écossais sera un précédent intéressant"

Interviewé ce dimanche dans l’émission "De Zevende Dag" de la VRT, le président de la N-VA et bourgmestre d’Anvers Bart De Wever (photo) a déclaré avoir toujours cru et craint à la fois que le Premier ministre David Cameron ne parviendrait pas à gagner le referendum, lui qui était en faveur d’un maintien dans l’Union européenne. De Wever critique la réaction de ce qu’il qualifie d’"élite eurocratique" face au Brexit, et ne doute pas que l’Ecosse organisera un referendum sur son maintien dans la Grande-Bretagne. Selon le nationaliste flamand, ce serait un précédent intéressant.

A la fin de l’année 2015, Bart De Wever s’était rendu à Londres et avait rencontré le Premier ministre David Cameron au 10 Downing Street (photo). Le président de la N-VA, dont le parti siège dans la même fraction au Parlement européen, avait alors exprimé son soutien aux projets de réforme européenne que Cameron avait imposé à l’Union européenne à la veille du referendum du 23 juin sur une sortie ou un maintien du Royaume-Uni dans l’Union.

De Wever se souvient que David Cameron était très optimiste, à l’époque de leur rencontre, sur l’issue du referendum et un maintien dans l’Union. "Il disait qu’il allait pousser les réformes européennes, en demandant un petit paquet de concessions à l’Europe". Le Premier ministre britannique s’attendait à ce que cela lui apporte la victoire. Mais il n’en a rien été.

Bart De Wever racontait dans "De Zevende Dag" que le langage corporel des collaborateurs de Cameron et du personnel européen des Tories qui l’accompagnaient montrait plutôt une grande perplexité. "Personnellement, je n’ai jamais cru qu’il pouvait gagner le referendum". Le bourgmestre anversois déclare n’avoir jamais dit publiquement qu’il croyait à une défaite de Cameron parce qu’il espérait "qu’il gagnerait quand même, mais je n’ai jamais pensé qu’il y parviendrait".

Selon De Wever, le résultat du referendum est dû au comportement des Britanniques - surtout les plus vieux - qui ont voté "leave" par réflexe chauviniste, parce que leur pays a une autre histoire que le reste de l’Europe et se tourne davantage vers l’Amérique que vers le continent européen.

"Les Ecossais vont gagner"

Le président de la N-VA ne doute pas que l'Ecosse organisera un referendum sur son maintien dans la Grande-Bretagne après le choix britannique de sortir de l'Union européenne.

Vendredi, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon (photo) a en effet annoncé que les conditions qui avaient présidé au referendum de 2014 -lors duquel les Ecossais avaient choisi de rester dans le Royaume-Uni- étaient fondamentalement modifiées et que la question d'une nouvelle consultation était sur la table, l'Ecosse ayant majoritairement voté en faveur du maintien dans l'UE.

"Je pense que les Ecossais le feront et qu'ils gagneront, et que le Royaume-Uni n'aura pas seulement dissous l'Union européenne mais se sera aussi dissous lui-même", a expliqué De Wever sur le plateau de la VRT. Selon lui, ce serait "un précédent intéressant". Le président du premier parti de Belgique ne voit pourtant pas d'un bon œil l'organisation d'une consultation sur l'UE en Belgique (que seul propose jusqu'à présent le Vlaams Belang).

"Cela me paraît être une idée stupide. Je suis d'ailleurs contre les referendum. Soumettre des questions compliquées aux gens sous la forme de oui ou non, je ne pense pas que ce soit intelligent. Car on a des gens qui votent pour des tas de raisons, souvent plus avec le cœur qu'avec la tête. Et ensuite, il faut réparer les dégâts."

"Déclarations arrogantes de Juncker"

Bart De Wever n'a pas apprécié les déclarations du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker (photo), à propos du Brexit, pas plus que celles du chef de groupe libéral au parlement européen, Guy Verhofstadt. Selon lui, elles témoignent d'une attitude revancharde à l'égard de la Grande-Bretagne.

"Les déclarations arrogantes de M. Juncker - un fonctionnaire de Luxembourg qui vient dire qu'ils n'auraient pas dû faire ça et maintenant qu'ils devront payer - n'apportent rien", a encore déclaré De Wever ce dimanche. "L'Angleterre est à côté de nous et ne va pas subitement disparaître. Elle est l'un de nos partenaires commerciaux les plus importants, certainement pour la Flandre. Nous avons donc tout intérêt à ce qu'elle reste dans le marché intérieur", a-t-il ajouté.

AFP or licensors

La N-VA est membre du groupe eurosceptique ECR du parlement européen, aux côtés des conservateurs britanniques et des ultraconservateurs polonais. Bart De Wever ne veut pas d'un super-Etat européen que défende, selon lui, des gens comme Guy Verhofstadt. A ses yeux, il s'agit du chemin le plus court vers l'anéantissement de l'Union européenne.

"Je veux l'inverse: une Europe plus petite", a ensuite répondu l'ancien Premier ministre Verhofstadt (photo archives) sur le plateau de la télévision privée VTM. "L'Europe d'aujourd'hui, c'est une confédération de pays et ça ne fonctionne pas parce qu'on a tout le temps besoin de 28 chefs d'Etat ou de gouvernement. Si on ne fait rien, ça pourrait être le début de la fin."

Bart De Wever veut lui aussi tirer les leçons du choix britannique. Il invite les institutions européennes à s'interroger sur la vague anti-européenne en pointant du doigt la crise des réfugiés ou le dumping social.

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