Van Rompuy : "Cela se ressent comme une amputation"

L’ancien président du Conseil européen, le Belge Herman Van Rompuy (photo), déclare être fâché et triste devant le résultat du référendum de jeudi en Grande-Bretagne, qui a donné une courte majorité aux partisans de la sortie de l’Union européenne. Il estime cependant que ce n’est pas la fin du rêve européen et que le résultat en dit plus long sur la Grande-Bretagne que sur l’Europe.

"Quand j’ai appris la nouvelle, ce vendredi matin, j’ai ressenti à la fois de la colère et de la tristesse", expliquait l’ancien président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, vendredi soir dans l’émission "TerZake" (VRT). "J’étais fâché parce que ce référendum n'aurait jamais dû avoir lieu. C'est peut-être aussi la fin du Royaume-Uni. Triste parce que je suis un Européen depuis mes 15 ans. Ce n'est pas la fin de l'Union européenne, mais je ressens quelque chose de l'ordre de l'amputation, une sorte de perte".

"C’est un peu comme un sentiment de deuil. Je pense que l’Union européenne continuera à 27 pays, elle n’implosera pas, mais il y aura quelque chose qui nous a été enlevé".

Van Rompuy avoue n’avoir pas vraiment vu arriver pareil résultat du référendum. D’abord, la situation avait eu l’air défavorable, mais ces dernières semaines - notamment à la suite du meurtre de la députée du Parti travailliste Jo Cox (photo) - ses amis britanniques avaient repris confiance, déclarait-il vendredi soir.

"Nous sommes ce que nous sommes, ils sont ce qu’ils sont"

D’après l’ancien président du Conseil européen, l’incertitude en Europe ne peut durer trop longtemps. Les Britanniques ont pris une décision et doivent maintenant en supporter les conséquences. Dorénavant, lors de la conclusion d’accords avec la Grande-Bretagne, les 27 autres pays membres de l’Union « défendront leurs intérêts, ce qui est avantageux pour les 27. Ce n'est pas une question de vengeance, mais nous sommes ce que nous sommes et ils sont ce qu'ils sont", a déclaré Van Rompuy dans l'émission "Ter Zake" (Canvas).

Il estime que le résultat du référendum en dit plus long sur l’état de la Grande-Bretagne que sur l’Union européenne. "Les Britanniques n’ont jamais vraiment reconnu l’UE. Ils s’en sont détachés déjà dans nombre de matières, comme le volet social, l’Espace Schengen, l’immigration. Depuis des dizaines d’années, la Grande-Bretagne n’est déjà plus un membre à part entière de l’Union".

Herman Van Rompuy critiquait aussi sévèrement la campagne menée avant le référendum qui, selon lui, ne repose pas sur des mensonges mais sur de la haine. Elle n’a pas séparé le pays mais l’a déchiré. "L’Europe y a joué un rôle, mais ce qui s’est passé en Grande-Bretagne ces dix dernières années aura été d’une importance capitale", concluait Herman Van Rompuy.

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