Jan Jambon va réquisitionner les policiers grévistes

Le ministre de l'Intérieur Jan Jambon (N-VA) va réquisitionner lundi, si nécessaire, les policiers si ces derniers refusent de remplacer les gardiens de prison en grève depuis un mois. Il en a informé les syndicats de la police fédérale. Jan Jambon dit regretter cette situation à laquelle il a été forcé par la grève des gardiens.

Vendredi, des policiers ont refusé de remplacer les gardiens en grève dans les prisons de Forest et de Saint-Gilles. Si les cadres ont finalement été remplis pour le week-end, la police fédérale redoute que des nouveaux problèmes se posent lundi et mardi.

Comme ministre de l’Intérieur, Jan Jambon peut réquisitionner les agents grévistes à condition de l’annoncer 24 heures à l’avance.

C’est donc ce qu’il a fait. "C’est le devoir du ministre de l’Intérieur de garantir l'ordre et la sécurité publique. L’instrument pour le faire est le droit de réquisition" a-t-on déclaré au cabinet de Jan Jambon.

Jan Jambon regrette de devoir en arriver là. "Il n’est pas juste que les gardiens, contrairement aux policiers et aux militaires puissent faire en sorte que la situation dégénère à ce point". 

Les syndicats comprennent la décision

"Nous déplorons cette décision, mais nous la comprenons également", a réagi le président du SLFP police, Vincent Gilles, selon qui le ministre de l'Intérieur ne cherche pas à casser le mouvement d'humeur initié par certains agents de police, mais "à remplir son rôle" afin d'assurer le fonctionnement des prisons.

"Il faut reconnaître que le ministre a été parcimonieux. Avec cette réquisition, il vise deux composantes de la réserve générale de la police fédérale. Cela démontre qu'il ne cherche pas à casser la grève." Les deux composantes sont les deux entités chargées d'assurer la sécurité dans les prisons dans les 24 premières heures lorsque les zones de police locales sont arrivées à épuisement au niveau de leurs forces vives dans le cadre du mécanisme de solidarité entre les différents services.

"Ce seuil est atteint pour la moitié des zones de police locales de Belgique", avertit M. Gilles. Après ces 24 heures, d'autres composantes de la police fédérale vont devoir prêter main forte dans les prisons.

"Au total, 17.000 journées de la police intégrée ont été utilisées dans le cadre de la grève des prisons. Chaque jour de grève a coûté 450 équivalents temps plein au sein de la police intégrée", selon M. Gilles.
Le vice-président du SLFP, Vincent Houssin, appelle à trouver une solution structurelle d'urgence. Il souligne que la police n'est pas formée aux tâches qui lui sont demandées dans les prisons et que la tension ne fait que grandir.

Du côté du SNPS, on appelle également à dégager une solution structurelle "au lieu de réquisitionner des agents qui sont sur les rotules", pointe Carlo Medo.

Le syndicat demande de résoudre au plus vite le problème des prisons, alors que la police est déjà sous pression après les attentats et la crise des réfugiés. "Nous prenons acte de la décision du ministre de l'Intérieur, mais nous ne la soutenons pas. Il existe un mécanisme légal pour la réquisition. Nous aurions toutefois préféré que l'on se concentre sur le problème des prisons.

C'est une solution de facilité qui se fait sur le dos de la police. Une fois de plus, les agents sont pressés comme des citrons. C'est difficile à supporter", indique le secrétaire national et porte-parole du SNPS, Jérôme Aoust qui appelle à la manifestation des services publics mardi prochain.

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