Rerum Novarum : plaidoyer pour une taxe sur les grandes fortunes

Dans leurs discours prononcés mercredi soir, la veille du Rerum Novarum, les leaders du mouvement ouvrier chrétien ont plaidé pour l’instauration d’un impôt sur les grandes fortunes. Marc Leemans, le président du Syndicat chrétien a mis en garde contre de nouvelles économies.

Pour Patrick Develtere, le président du Mouvement ouvrier chrétien flamand, beweging.net (anciennement ACW), tous les groupes de la société sont visés actuellement sauf les plus fortunés.

"Les impôts sur les revenus du travail sont très élevés alors que les charges sur le patrimoine sont très basses" a ajouté Patrick Develetere.

Le président de beweging.net estime qu’il n’y a pas de raisons de taxer moins un euro gagné sur le capital qu’un euro gagné sur le travail. Il redoute par ailleurs de nouvelles mesures gouvernementales drastiques et rejette toute polarisation "qui ne fait pas avancer les choses. Polariser c'est pratique, c'est diviser pour règner."

Taxe sur les grandes fortunes

"Les gens aujourd'hui sont particulièrement mécontents en raison d'une double désillusion: le virage à droite effectué par les gouvernements fédéral et flamand et le fait que le peu de bonnes choses figurant dans les accords de gouvernement sont à chaque fois réduites à rien", a indiqué mercredi le président de la CSC, Marc Leemans.

Le responsable du syndicat chrétien prenait la parole à Gand mercredi soir dans le cadre du rassemblement annuel du mouvement ouvrier chrétien en Flandre, Rerum Novarum. Le 15 mai marquera le 125e anniversaire de la publication de l'encyclique du même nom par le pape Léon XIII.

Marc Leemans s'est dit fier que son syndicat joue encore un rôle crucial à l'heure actuelle, "malgré 125 ans de rhétorique anti-syndicale". Il a notamment fait allusion aux déclarations faites la veille par le patron de l'Unizo, Karel Van Eetvelt, qui réagissait au plan d'actions dévoilé par les différentes organisations syndicales. "Le droit démocratique à manifester est qualifié depuis hier d'acte de terrorisme... Comment peut-on tomber si bas?", a commenté Marc Leemans.

La CSC compte plus d'1,6 million de membres, a-t-il enchaîné. "Plus de 61.000 sont candidats aux élections sociales, dont 22.000 pour la première fois. Et un syndicat n'a jamais compté autant de femmes souhaitant s'engager sur le plan syndical."

Mais ces gens sont en colère, a-t-il affirmé avant de s'en prendre pendant quelques minutes au gouvernement et au patronat.

Marc Leemans a encore rappelé les exigences syndicales d'un impôt sur les grandes fortunes et sur les transactions financières et d'une lutte crédible contre la fraude fiscale.

"Le précédent contrôle budgétaire n’était qu’une mise en jambe, attendez cet été, il faudra alors faire de nouvelles économies pour 3,5 voire 4 milliards d’euros. L’Europe veut que nous économisions 9 milliards d’euros supplémentaires d'ici 2018. Il y a de l’orage dans l’air, car cela signifie une nouvelle mainmise sur les revenus du Belge moyen".

"Les allocations familiales, une arme contre la pauvreté"

Dans son discours prononcé à Torhout (Flandre occidentale) la ministre flamande de l’Enseignement Hilde Crevits (CD&V) a aussi défendu un impôt sur les grandes fortunes.

Elle a plaidé pour plus d’équité et a appelé les plus fortuné de notre société à soutenir les plus faibles. Hilde Crevits a estimé que "le système flamand d’allocations familiales va aider les jeunes familles et sera une arme afin de réduire la pauvreté".

Depuis le 1er juillet 2014, la compétence des allocations familiales a été transférée aux Régions. Depuis ce transfert les Régions peuvent donc développer leur propre politique en la matière.

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