La vice-ministre-présidente flamande démissionne

Annemie Turtelboom, chargée en Flandre du Budget, des Finances et de l’Energie, a décidé de remettre son mandat à l’Open VLD. La libérale estime que le dossier sur les dettes causées par les certificats d’énergie verte" a été personnalisé à un point tel" qu’elle préfère "passer le flambeau".

A son arrivée à la conférence de presse organisée cet après-midi, Annemie Turtelboom a indiqué avoir présenté sa démission au ministre-président flamand Geert Bourgeois (N-VA).

"Lors de mon entrée au gouvernement flamand, j’ai hérité d’une énorme montagne de dettes causée par les certificats d’énergie verte. Si mes amis et mes ennemis sont d’accord sur le fait que ni moi, ni mon parti ne sommes responsables de cette dette, le dossier a ces derniers mois été personnalisé à un point tel que j’ai décidé, dans l’intérêt de mon parti, de passer le flambeau", a-t-elle déclaré.

"Je pose cet acte sachant que dans ce dossier, une décision importante sur les centrales à biomasse à Gand doit être prise, une décision qui aura un impact sur le niveau de taxation", a précisé Annemie Turtelboom.

Après avoir remercié ses collaborateurs, ses collègues de gouvernement et tous les militants qui l’ont soutenue, la libérale flamande a conclu son annonce en déclarant : "lâcher prise n’est pas la fin du monde, c’est surtout le début de quelque chose de nouveau".

Turtelboom victime de la Turteltaxe

Annemie Turtelboom était un poids-lourd de l’Open VLD au sein du gouvernement flamand. Ces derniers mois, elle avait été la cible de nombreuses critiques pour la taxe qu'elle avait fait adopter en vue de couvrir entre autres la dette des certificats verts héritée de la "politique de gratuité des ministres socialistes" - rapidement baptisée "Turteltaxe" par l'opposition flamande.

Cette taxe a augmenté d'environ une centaine d'euros la facture annuelle d'électricité d'une famille moyenne en Flandre, et ce jusqu'en 2020. Elle est directement liée à l’énorme succès des primes octroyées pour les investissements dans les énergies renouvelables, un succès qui a dérapé pour se transformer en une lourde dette.

Si la démission d’Annemie Turtelboom en a surpris plus d’un ce vendredi, elle intervient à un moment bien calculé. Une décision particulièrement importante doit prochainement être prise concernant une centrale à biomasse à Gand. L’option choisie aura des conséquences directes sur le niveau de la fameuse taxe sur l'électricité.

Notons qu'Annemie Turtelboom ne quitte pas la politique puisqu'elle va récupérer son siège à la Chambre, un siège qui avait été occupé par Frank Wilrycx au cours de son mandat au gouvernement flamand.

Parcours d’une figure de proue de l’Open VLD

Née en 1948, Annemie Turtelboom est régente en économie. Elle a commencé sa carrière politique au CVP avant de passer chez les libéraux flamands en 2002 en compagnie de quelques autres chrétiens-démocrates du NCD (Nieuwe Christen-Democratie), dont Johan Van Hecke et Karel Pinxten.

En 2003, elle est élue à la Chambre. Quatre ans plus tard, elle échoue à être désignée au Sénat alors qu'elle occupait la 4e place de la liste VLD. Elle est toutefois désignée au gouvernement fédéral d'Yves Leterme où elle reçoit le portefeuille de l'Asile et de la Migration. Les heurts avec sa collègue de l'Intégration sociale, Marie Arena (PS), sont fréquents à tel point que le président du PS, Elio Di Rupo, demande dans une interview avec un quotidien flamand qu'elle cesse de jouer la "forte femme de Flandre" (harde tante van Vlaanderen).

En 2009, elle devient ministre de l'Intérieur en remplacement du Guido De Padt, successeur pendant près d'un an de Patrick Dewael.

Dans le gouvernement Di Rupo, Annemie Turtelboom reçoit le portefeuille de la Justice. Cette non-juriste se heurte à une partie du monde judiciaire mais parvient tout de même à imposer la réforme attendue de longue date des arrondissements judiciaires et une gestion plus autonome de ceux-ci. Elle mène également à bien, quelques mois avant les élections, une réforme du nom de famille malgré les revirements au sein de la majorité. Les femmes recevront le droit de donner (également) leur nom à leur enfant.

En 2012, Annemie Turtelboom est parachutée à Anvers où l'Open VLD est au plus bas. Le score électoral est maigre mais les libéraux flamands entreront quand même au collège communal de la métropole en alliance avec la N-VA et le CD&V.

En 2014, les libéraux sont les invités de dernière minute du gouvernement flamand. Elle devient vice-ministre-présidente et ministre du Budget et des Finances de l'équipe Bourgeois, et doit gérer l'épineux dossier de l'excédent de certificats verts.

(BELGA)

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