"Nous n'avons pas en Belgique des endroits où la police n'ose pas circuler"

Interrogé ce dimanche lors de l'émission "Les décodeurs" (RTBF) sur un éditorial du quotidien français Le Monde qualifiant la Belgique de "nation sans Etat", le Premier ministre Charles Michel (MR) l'a jugé "assez lamentable" et s'est lancé dans une diatribe virulente contre les critiques françaises.

Charles Michel a reconnu qu'il y avait en Belgique comme dans d'autres pays "des difficultés en lien avec le radicalisme et des phénomènes de criminalité" qu'il comptait "prendre à bras-le-corps".

"Mais on n'a pas une jungle de Calais avec 6.000 personnes comme c'est le cas en France. Nous n'avons pas connu, nous en Belgique, des attaques meurtrières en plein cœur de Marseille dans le cadre du grand banditisme. Nous n'avons pas en Belgique des endroits où la police n'ose pas circuler dans certaines banlieues comme c'est le cas en France parce que les voitures sont caillassées", a-t-il affirmé.
 

Charles Michel réclame une CIA européenne

Le Premier ministre a aussi plaidé pour l'instauration d'une agence centrale du renseignement à l'échelle de l'Union européenne, à l'instar de la CIA aux Etats-Unis, afin d'améliorer l'échange d'informations entre services de renseignement nationaux.

"Il en faut beaucoup plus (que les moyens dégagés à l'échelle nationale), j'appelle à ce qu'il y ait une mobilisation pour mettre en place une agence européenne du renseignement, une CIA européenne", a affirmé Charles Michel.

Plusieurs des auteurs ou suspects des attentats de Paris étaient fichés comme suspects de terrorisme ou de radicalisme par l'OCAM, le service belge de coordination pour l'analyse de la menace, mais le contrôle de l'un d'entre eux, le fugitif Salah Abdeslam, dans la nuit des attentats de Paris près de Cambrai, n'a pas permis aux policiers français de l'identifier comme tel.

"Des personnes ont été repérées par l'un ou l'autre service, mais on n'a pas su utiliser convenablement l'information dont on disposait pour empêcher que l'acte ne se produise", a aussi déploré le chef du gouvernement.

Critiqué notamment par le PS pour avoir désinvesti dans la politique sécuritaire par motif d'austérité budgétaire, Charles Michel (MR) a rejeté ces accusations en rappelant l'augmentation des moyens décidée lors de l'ajustement budgétaire du printemps dernier dans la foulée de l'opération anti-terroriste de Verviers.

Il a aussi souligné les 400 millions dégagés récemment pour renforcer les politiques de sécurité et de renseignement.

Quant au flou sur la communication des mesures et l'évaluation de la menace, le Premier ministre a affirmé avoir systématiquement communiqué rapidement sur base des informations disponibles, parfois contradictoires, et avoir renforcé les contrôles (frontières, transports en commun, etc). "Tout cela permet une situation où il n'y a pas eu d'attentat en Belgique".

A propos de la fermeture des écoles, pourtant non désignées comme cibles potentielles, Charles Michel a renvoyé à des propos des autorités des entités fédérées allant dans ce sens avant toute décision fédérale. Dans ces conditions, "mieux valait faire un peu plus", a-t-il jugé.

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