La Flandre présente des excuses pour les adoptions forcées

Le parlement flamand a présenté formellement ce mardi des excuses publiques aux victimes du drame des adoptions forcées dans les institutions du nord du pays. Elles se sont produites surtout entre les années 1950 et 1980. Le parlement reconnait avoir réagi trop tard à ce sujet. Les évêques de Belgique se sont associés à ces excuses publiques.

La Flandre a été choquée l'an dernier par la révélation de nombreux cas de jeunes filles ou de femmes enceintes qui ont été accueillies dans des institutions - souvent religieuses - dans les années 1950 à '80 pour y accoucher dans la discrétion, et qui se sont vu retirer leur enfant pour qu’il soit confié à l'adoption d'autres parents.

Souvent, ces adoptions forcées découlaient du fait que l’on ne savait pas bien à l’époque comment se comporter face à des mères adolescentes. Rita Schouppe, qui était présente à la cérémonie ce mardi, a par exemple accouché à la fin des années 1960 dans un hôpital bruxellois alors qu’elle était adolescente. "L’adoption m’a été imposée par mes beaux-parents", racontait-elle. "L’enfant m’a immédiatement été enlevé après sa naissance. Je n’ai appris que quelques jours plus tard que c’était un garçon".

Dans le cas de Rita Schouppe, l’adoption a été organisée par "La famille adoptive", une organisation qui n’existe plus depuis longtemps. "Il y a trois ans seulement que j’ai retrouvé mon fils, à la suite d’une recherche sur l’internet", expliquait Schouppe.

Quelque 30.000 cas potentiels

Selon l'association féminine Mater Matuta, il en va pour l'ensemble de la Belgique - la Flandre ne serait pas seule concernée - de 30.000 cas potentiels, que ce soit au travers d'institutions religieuses ou des services d'adoption, hospitaliers ou communaux.

Le parlement flamand a tenu une série d'auditions sur la question. En mai dernier, un groupe d'experts désigné par le ministre flamand du Bien-Etre, Jo Vandeurzen (photo), a suggéré l'instauration d'un centre généalogique et d'une base de données ADN pour aider ceux qui le souhaitent à retrouver leur lignée naturelle.

Les experts ont également proposé que les autorités présentes des excuses publiques, qui ont depuis été couchées par écrit dans une résolution du parlement flamand. Ce 24 novembre, le parlement flamand a présenté des excuses formelles, "pour la réaction tardive des autorités aux signalements d'adoptions forcées".

"Nous devons reconnaître que cela s’est passé et ne peut plus être effacé", déclarait le ministre du Bien-Etre Jo Vandeurzen ce mardi. "Cette constatation douloureuse nous confronte d’autant plus à nos responsabilités. Nous devons faire ce qui est essentiel pour les victimes, pour atténuer la douleur occasionnée et, quand c’est possible, réparer le mal qui a été fait".

Une exposition sera notamment organisée l’an prochain au Musée Dr. Guislain, à Gand (Flandre orientale), en reconnaissance du drame des adoptions forcées.

C'est la seconde fois que de telles excuses publiques sont présentées par le parlement flamand. Ce fut le cas déjà en avril 2014, pour les abus sexuels perpétrés dans les institutions flamandes de l'enseignement et de la jeunesse.

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