"La Belgique ne doit pas économiser sur sa Défense"

Notre pays s’est fait taper sur les doigts par l'ambassadrice des Etats-Unis à Bruxelles, Denise Campbell Bauer, elle estime que la Belgique n’investit pas assez dans sa Défense et qu'elle est devenue la lanterne rouge des pays de l'OTAN.
2013 Getty Images

L'ambassadrice des Etats-Unis à Bruxelles, Denise Campbell Bauer, publie une carte blanche dans le quotidien De Standaard, ce jeudi sous le titre "La Belgique ne peut pas faire des économies sur sa Défense". Elle y demande à la Belgique de respecter ses engagements internationaux.

"La Belgique a une solide réputation d'allié fiable au sein de l'Otan", écrit-elle. "Cependant, après plus de deux décennies de coupes dans les dépenses de la Défense, la Belgique se retrouve maintenant parmi les pays membres de l'Otan qui dépensent le moins à la Défense en pourcentage du PIB".

L'ambassadrice rappelle la promesse d'investissement en Défense des alliés dans les budgets de Défense, convenue lors du Sommet de l'OTAN de septembre 2014. "Nous encourageons la Belgique à traduire cette promesse d'investissement en Défense dans son nouveau plan stratégique", ajoute l'ambassadrice.

De son côté, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, avait aussi déclaré la semaine dernière dans une interview à "Terzake" (VRT) "que la Belgique devait arrêter de faire des économies sur la Défense et devrait investir davantage dans l'armée. "J’espère que la Belgique va faire ce que nous avons décidé l'automne dernier lors de notre sommet au Pays de Galles: arrêter les coupes et augmenter progressivement les dépenses de la Défense suite à la croissance économique", a déclaré Jens Stoltenberg.

Les Etats-Unis s’immiscent dans un dossier sensible de la politique belge

Le journaliste de la VRT Jens Franssen trouve la carte blanche de l’ambassadrice des Etats-Unis étonnante. "Elle se réfère d'abord au fait que l'Amérique s’est sacrifiée durant la Seconde Guerre mondiale pour libérer la Belgique mais fait ensuite un lien direct avec la situation au Moyen-Orient et en Ukraine pour tirer les oreilles de notre pays."

"L'ambassadrice des Etats-Unis, en fait Washington, interfère dans un dossier belge politiquement sensible, à savoir l'avenir de la Défense, dossier où actuellement il n’y a pas consensus" explique Jens Franssen.

"L’Amérique mais aussi de plus en plus d’autres pays européens reprochent à notre pays d’être une sorte de profiteur." La Belgique profite de la sécurité de l’OTAN mais refuse de payer la note. Par ailleurs elle semble aussi vouloir faire allusion au dossier du remplacement des chasseurs F-16. On sait que le choix du F-35 américain de la firme Lockheed est défendu par les Etats-Unis.

C'est une carte blanche qui ne peut pas être ignorée

Le ministre de la Défense Steven Vandeput (N-VA) a réagi avec compréhension à cette carte blanche. "Ce n'est pas un secret, pour moi, la solidarité avec nos partenaires internationaux, sur le plan du budget est importante. Actuellement nous étudions au sein du gouvernement un plan stratégique et je lance un appel à mes partenaires de la coalition pour ne pas ignorer cette carte blanche".

Steven Vandeput a soumis pour la première fois au comité ministériel restreint le 24 juillet différentes options pour ce plan stratégique, qui doit définir les ambitions et les capacités de l'armée belge à l'horizon 2030. Il en a ainsi proposé trois versions, selon 'La Libre Belgique'.

La première vise à remonter les dépenses de Défense à 1,6% du PIB en 2030, soit au niveau de la moyenne des pays européens membres de l'Alliance. La seconde version table sur 1,35%, c'est-à-dire la moyenne des pays européens non nucléaires de l'Otan. Enfin, la troisième se contente de 1,1%.

Le gouvernement (MR, N-VA, CD&V, Open Vld) reste divisé sur la question. Seule la N-VA soutient le scénario à 1,6%.

Les discussions entre les partenaires de la coalition se poursuivent lors de réunions inter-cabinets, dans l'espoir, indique-t-on à la Défense, d'une approbation définitive du plan dans les prochaines semaines.

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