SP.A et PS : "La réforme des pensions est misogyne"

Les socialistes flamands et francophones ont lancé ce mardi un appel commun à un vrai débat transparent sur l’avenir des retraites en Belgique, à quelques heures de la reprise des travaux parlementaires sur le relèvement de l’âge de la pension. Ils estiment que le projet de loi du gouvernement mènera à un recul social inédit en Belgique et défavorise les femmes, qui ont souvent des carrières plus courtes.

Les deux présidents de "la famille politique la plus importante du pays", John Crombez (SP.A, photo principale) et Elio Di Rupo (PS), accompagnés des deux chefs de groupe, ont dénoncé ce mardi la façon dont le gouvernement de Charles Michel avait saucissonné les discussions sur la réforme des pensions, en séparant les diverses mesures et en empêchant dès lors un débat transparent.

Selon eux, la réforme est marquée non seulement par un déficit démocratique, dont témoigne l'urgence requise par la majorité et l'absence de concertation sociale, mais aussi par une violence intrinsèque. Pas un mot n'est dit sur la pénibilité du travail, relèvent les socialistes. "On appelle réforme ce qui est un recul social historique pour notre pays et nos concitoyens", a souligné Elio Di Rupo (photo). "En intervenant par petites touches, le gouvernement essaie de cacher l'ampleur du recul", a ajouté la cheffe de groupe, Laurette Onkelinx.

Suppression du bonus pension, relèvement de l'âge légal de la pension de 65 à 67 ans, restrictions de l'accès à la pension anticipée et, à l’avenir, système à points... Les femmes, qui ont en général des carrières plus courtes, seront les premières victimes, prédisent les socialistes.

Un emploi après 50 ans pas garanti

Le PS et le SP.A jugent également que la réforme ne garantira pas l'emploi des travailleurs âgés de plus de 50 ans. Une partie de ceux qui seront forcés de rester au travail sont usés et parfois peu qualifiés. Les employeurs prennent d'ailleurs peu d'initiatives pour les garder et ne les engagent pas lorsqu'ils sont sur le marché du travail.

Les socialistes ont mis en avant une série de mesures pour accroître l'âge effectif de départ à la retraite, en vertu du principe: encourager, pas obliger. Ils proposent de rétablir le bonus pension et de le doubler pour ceux qui poursuivent leur carrière au-delà de l'âge légal, de créer un droit individuel à la formation, de mieux soutenir les entreprises qui réduisent collectivement leur temps de travail, d'imposer un plan "travailleurs âgés" dans toutes les entreprises et d'introduire un nouveau crédit temps en cas de risque identifié d'incapacité de travail.

Pour financer les pensions, les deux partis suggèrent de faire contribuer les revenus les plus élevés de façon à ce qu'ils augmentent au même rythme que ceux du reste de la population. A l'horizon 2060, 4,8% du PIB, soit 38 milliards d'euros pourraient être dégagés.

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