"Revoir la relation avec le Burundi en cas de 3e mandat de Nkurunziza"

Le ministre belge de la Coopération au développement Alexander De Croo (photo principale) met en garde : un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza aura des conséquences drastiques sur la coopération entre la Belgique et le Burundi. Une violation des accords d’Arusha placerait en effet le gouvernement belge dans l’impossibilité d’organiser une coopération bilatérale classique avec le pays d’Afrique centrale. D’autre part, la Belgique compte maintenant deux nouveaux pays partenaires : la Guinée et le Burkina Faso.

"Les choix dans les semaines à venir au Burundi pourraient avoir une influence drastique sur la coopération avec la Belgique", a déclaré ce jeudi le ministre Alexander De Croo (Open VLD) à l'issue du Conseil des ministres. "Un troisième mandat du président Nkurunziza (photo) entacherait au plus haut niveau la légitimité de l'exécutif burundais", précisait le ministre libéral.

La Belgique ne serait alors pas en mesure d'organiser la Commission mixte avec le Burundi et de conclure un programme de coopération bilatéral classique. La Coopération belge entend toutefois rester solidaire avec la population burundaise. Les autorités belges pourraient dès lors choisir d'autres formes de coopération.

Tant Alexander De Croo que le Premier ministre Charles Michel (MR) sont restés vagues sur les autres partenaires qui seraient privilégiés. Il pourrait s'agir d'une coopération via des organisations internationales. "On travaillera davantage sur les droits de l'homme avec la société civile", a ajouté le Premier ministre.

La Belgique est le premier bailleur bilatéral du Burundi et le troisième au total, derrière la Banque mondiale et l'Union européenne. Les dépenses belges d'aide publique au développement à ce pays d’Afrique centrale se sont élevées à 47,4 millions d'euros en 2013, dont 34,4 millions affectés à la coopération gouvernementale.

Deux nouveaux pays partenaires

D’autre part, le conseil des ministres a décidé ce jeudi de faire passer de 18 à 14 le nombre de pays étrangers qui bénéficieront à l'avenir de la coopération belge au développement. Cette aide se concentrera dorénavant quasi exclusivement sur l'Afrique - à l'exception de la Palestine - et mettra plus particulièrement l'accent sur les pays les moins développés qui, selon un récent rapport de l'OCDE, ont vu leur aide publique au développement reculer l'an dernier.

"Cette tendance est paradoxale. Ce sont pourtant les pays qui ont le plus besoin d'aide", a commenté le ministre de la Coopération au développement, Alexander De Croo. La Belgique ambitionne ainsi de consacrer à l'avenir la moitié de son aide publique au développement à ces pays les moins développés.

A l'analyse de la nouvelle liste des bénéficiaires, on recense six pays sortants - le Vietnam, le Pérou, l'Equateur, la Bolivie, l'Algérie et l'Afrique du Sud -, qui sont maintenant devenus des pays à "revenus intermédiaires", et deux pays entrants - à savoir la Guinée (photo), lourdement affectée par l'épidémie Ebola en début d'année, et le Burkina Faso.

Bénéficiaire de la coopération belge jusqu'en 2003, le Burkina Faso réintègre donc la liste des pays partenaires. "Nous souhaitons supporter le processus démocratique en cours dans ce pays", a ajouté le ministre De Croo.

Outre la Guinée, le Burkina Faso, la Palestine et actuellement encore le Burundi, les pays partenaires de la Belgique sont maintenant le Bénin, la République démocratique du Congo, le Mali, le Maroc, le Mozambique, le Niger, l’Ouganda, le Rwanda, le Sénégal et la Tanzanie.

AFP/LEON NEAL

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