Les Flamands surtout préoccupés par leur pension

Une grande enquête sociale réalisée pour la VRT auprès de 3.345 correspondants flamands et bruxellois néerlandophones livre une image nuancée de la Flandre. Ses habitants sont inquiets pour leur pension, la viabilité à long terme de la sécurité sociale, leur sécurité personnelle et professionnelle. Ils veulent une meilleure justice, moins d’immigration, mais par contre davantage de solidarité. Une autonomie accrue de la Flandre est par contre la dernière de leurs préoccupations, dans une liste de 14 priorités qui leur ont été proposées.

Alors que tous les partis politiques mettent la dernière main à leur programme électoral pour le triple scrutin fédéral, régional et européen du 25 mai prochain, la radiotélévision publique VRT a fait réaliser une grande enquête sociale - une "photographie de la Flandre" - pour tenter de se rendre compte des principales préoccupations des Flamands alors qu’ils s’apprêtent à voter.

Sur base d’une cinquantaine d’interviews détaillées, qui ont notamment permis de cerner les peurs et 14 priorités des Flamands à l’heure actuelle, le service d’étude de la VRT a rédigé 65 affirmations qu’il a soumises à 3.345 correspondants néerlandophones en Flandre et à Bruxelles. Il s’en est dégagé une liste des priorités politiques des Flamands à deux mois des élections.

Une bonne pension pour tous

De façon un peu inattendue, les Flamands dans leur ensemble s’inquiètent surtout pour leur pension - davantage, par exemple, que pour la qualité de l’enseignement, celle de l’environnement ou la création de nouveaux emplois. 67% des personnes interrogées ont ainsi peur de ne plus pouvoir bénéficier de la même qualité de vie après leur retraite. Nombre d’entre eux se demandent aussi tout simplement s’ils parviendront à travailler jusqu’à 65 ans, et s’ils trouveront de la place dans une maison de retraite.

Convaincus que l’Etat-providence doit veiller sur leur bien-être et leur santé, nombre de Flamands (70%) craignent cependant que le système de sécurité sociale ne soit plus viable (payable) à long terme. 74% des personnes interrogées estiment d’ailleurs que le système est menacé par les abus, mais aussi par le fait que les étrangers résidant en Belgique ne contribuent pas suffisamment à la sécurité sociale.

Une meilleure justice, sans abus

Le deuxième sujet qui préoccupe le plus les Flamands se révèle être la justice, et plus particulièrement ses disfonctionnements et son manque partiel d’efficacité. 85% des personnes questionnées affirment ainsi en avoir assez des fautes de procédure qui mènent à un acquittement ou une libération, et 80% réclament une limitation des arrangements à l’amiable entre justice et gros fraudeurs qui peuvent éviter d’être poursuivis en s’acquittant d’une amende juteuse.

Une partie de la population a l’impression qu’il existe une justice de classe sociale, et s’y oppose. Trois quarts estiment aussi que les sanctions administratives communales (SAC) sont exagérées, alors que 51% n’ont plus confiance en la justice. Et 67% des Flamands trouvent encore toujours que la police devrait être plus visible en rue, pour accroître le sentiment de sécurité.

Soins de santé, crise et emplois

La troisième grande priorité des Flamands est de pouvoir bénéficier de soins de santé de qualité, à la portée de tous. Une grosse moitié d’entre eux s’inquiète de ne pouvoir continuer à choisir dans quel hôpital ils veulent aller, et trois quarts des personnes sondées ont peur d’être atteintes d’une maladie incurable.

La crise économique a laissé des séquelles, nombre de Flamands étant inquiets par rapport à l’avenir du marché de l’emploi. Quelque 42% ont peur de perdre leur travail, 55% se demandent si leur employeur voudra encore d’eux quand ils auront atteint un certain âge, et 68% estiment que le stress augmente sur le lieu de travail.

Entre 60 et 68% des personnes interrogées ont d’ailleurs peur que leurs enfants n’aient pas un avenir aussi prometteur que le leur, ou peur de ne pouvoir économiser suffisamment ou payer leurs factures mensuelles.

Davantage de solidarité, mais moins d’immigration

Alors que 78% des Flamands interrogés estiment que l’on doit être plus tolérant vis-à-vis d’autrui, et se montrer plus solidaires entre humains - notamment envers les personnes souffrant d’un handicap - pour mieux résister aux adversités, ce sentiment perd beaucoup de sa force quand les plus faibles sont d’origine étrangère.

L’immigration est ainsi souvent considérée comme une menace, révèle l’enquête réalisée pour la VRT. 70% des Flamands estiment ainsi que les autorités doivent limiter l’immigration, et un pourcentage presqu’aussi élevé s’inquiètent d’une radicalisation de l’islam. Près de 6 Flamands sur 10 estiment néanmoins qu’un étranger qui s’est bien intégré, qui a appris le néerlandais et qui travaille a le droit de demeurer en Belgique.

L’emploi figure à la 5e place des préoccupations des Flamands, suivi par la lutte contre la pauvreté. Nombre de personnes interrogées jugent d’autre part qu’un budget en équilibre est plus important qu’un logement de qualité, qu’une meilleure mobilité et la sécurité sur les routes, mais aussi qu’un enseignement de qualité et qu’un environnement moins pollué.

Enfin, on notera qu’une autonomie accrue de la Flandre figure à la dernière place des 14 priorités politiques exprimées par les citoyens flamands interrogés. Une majorité d’entre eux estimeraient en effet qu’il y a bien d’autres choses qui priment, comme la bonne santé de l’économie.

Seuls 26% de Flamands affirment vouloir une scission de la Belgique, alors que 34% déclarent craindre pareille évolution. 60% des personnes questionnées se disent fières de la Flandre, tandis que 47% sont davantage fiers d’être Belges.

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