Il y a 100 ans avait lieu la première attaque au gaz moutarde à Ypres

Il y a 100 ans cette semaine, les Allemands utilisèrent pour la première fois le gaz moutarde comme gaz de combat sur le front ouest lors de la Première Guerre Mondiale. Le gaz moutarde n'était pas un agent réellement mortel mais était utilisé pour harceler et handicaper l'ennemi tout en polluant le champ de bataille. Il causait surtout d’atroces souffrances aux victimes.

Le premier agent mortel employé en avril 1915 par les militaires allemands fut le chlore. Le chimiste Fritz Haber est considéré comme le père de l’arme chimique. Il mit au point en coopération avec le Kaiser Wilhelm Institute de Berlin des méthodes pour répandre le chlore dans les tranchées ennemies. Mais les Allemands étaient toujours à la recherche de gaz plus meurtriers. En 1916 ils utilisèrent le phosgène un puissant agent, plus mortel que le chlore.

© IWM (E(AUS) 825)

Le gaz le plus tristement célèbre de la Première Guerre mondiale fut le gaz moutarde, introduit par l'Allemagne en juillet 1917 juste avant la bataille de Passchendaele. En raison de sa couleur et de son odeur qui ressemblait à de l’ail ou à la plante de moutarde, ce gaz fut très vite appelé gaz moutarde. Les Français l'appelèrent ypérite (d'après la ville d'Ypres).
 

Le gaz moutarde n'était pas un agent réellement mortel mais était utilisé pour harceler et handicaper l'ennemi tout en polluant le champ de bataille. Le gaz moutarde étant plus lourd que l'air, il stagnait au niveau du sol comme un liquide huileux de couleur jaunâtre. Une fois dans le sol, il restait actif pendant des jours, des semaines voire des mois selon les conditions météo.

Lors d’attaques au gaz des grenades étaient utilisées afin de toucher l’ennemi plus rapidement et plus efficacement que les obus chimiques utilisés précédemment et qui n’étaient efficaces que lorsque le vent soufflait dans la bonne direction. Les Allemands identifiaient les fûts de gaz moutarde par la couleur jaune et les fûts de phosgène et de chlore étaient marqués de vert, ils nommèrent donc le nouveau gaz, "croix jaune".
 

Dans la nuit du 12 au 13 juillet, les Allemands vont lancer leur première attaque au gaz moutarde, elle a lieu au Nord d’Ypres tout près de l’endroit où deux ans plus tôt ils avaient utilisés pour la première fois le chlore. Ils vont ainsi tirer pas moins de 50.000 grenades soit 125 tonnes de gaz moutarde dans le secteur Noordschote-Boezinge.

Ces grenades propagent une pluie de gouttelettes toxiques qui retombent partout et restent actives très longtemps. Comme les symptômes n’apparaissent pas tout de suite les soldats britanniques ne se protègent pas et ne se rendent pas compte de la dangerosité de cette nouvelle arme allemande. Plusieurs heures après le début de l’attaque apparaissent les premiers symptômes. Plus de 2.000 soldats et officiers se rendent alors dans les postes de secours, de nombreux sont aveugles, ne parviennent plus à respirer, les premiers symptômes sont ceux d’une bronchite.

Leur peau se couvre aussi de cloques, leurs yeux sont très irrités et ils commençaient à vomir. Le gaz causait des hémorragies externes et internes et détruisait les tissus pulmonaires. Les patients mettaient généralement quatre à cinq semaines à mourir. 95% des patients n’ont pas survécu à cette attaque. Les survivants ont été hospitalisés avec des brûlures et de graves problèmes respiratoires.

Les médecins, infirmière et ambulanciers qui entraient en contact avec la substance toxique via les vêtements des victimes étaient aussi touchés. Il n’y avait pas de remède contre les blessures au gaz moutarde. L’infirmière américaine Shirley Millard, qui travaillait comme infirmière volontaire à la Croix-Rouge en France note "Les victimes ne parviennent plus à respirer. Ils se battent pour un peu d’air, mais personne ne peut les aider. Leurs poumons sont brûlés, les yeux sont détruits par le gaz. Certains ont des brûlures sur l’entièreté du corps. Nous ne pouvons pas ni les bander ni même les toucher, tellement ils souffrent".

Une autre infirmière Vera Brittain, écrivit : "Je souhaite que les personnes qui parlent de continuer cette guerre quel qu'en soit le prix puissent voir les soldats souffrant du gaz moutarde. De larges cloques jaunâtres, des yeux fermés aux paupières collantes et collées ensembles, se battant pour chaque bouffée d'air, murmurant que leur gorge se fermait et qu'ils savaient qu'ils allaient étouffer."
 

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