La ville de Louvain ravagée par un grand feu

La Première Guerre mondiale est l’une des pages les plus sombres de l’histoire de Louvain. Occupée dès le 20 août 1914 par les troupes allemandes - qui ont pénétré en Belgique deux semaines plus tôt -, la cité universitaire (dans l’actuel Brabant flamand) voit une fusillade se déclencher le soir du 25 août. Les Allemands allument alors des feux en divers endroits de Louvain, qui détruiront un bon millier de maisons et des bâtiments publics, dont l’imposante bibliothèque.

En 1831, lors de la formation de la Belgique indépendante, la neutralité du pays fut une condition nécessaire imposée par les grandes puissances européennes. Au début de la Première Guerre mondiale, le 4 août 1914, l'Allemagne viola cette neutralité en envahissant le territoire belge, ce qui entraîna l'entrée en guerre du Royaume-Uni.

Alors que les troupes allemandes progressaient à l'intérieur du pays, l'armée belge quitta Louvain le 19 août. La ville universitaire fut occupée dès le 20 août 1914, par un total de 5.000 à 10.000 soldats ennemis. Les premiers jours de l'occupation furent relativement calmes.

Mais le 25 août à 20 h 00, une fusillade se déclenchait à la gare, sans raison apparente. Elle provoqua une rumeur sur l'arrivée des troupes anglaises et belges, alors que les Allemands accusèrent des francs-tireurs louvanistes d’avoir tiré sur leurs soldats.

Les Allemands mirent alors le feu aux hôtels de la place de la gare (Stationsplein), où ils avaient pris leurs quartiers. Quelque 29 Louvanistes considérés comme francs-tireurs furent fusillées en guise de représailles sur la place de la gare (Stationsplein). Celle-ci fut rebaptisée plus tard place des Martyrs (Martelarenplein), en raison de cet événement.

Les Allemands allumèrent aussi des feux dans divers endroits de la ville et interdirent à quiconque de les éteindre. Le feu ravagea la cité universitaire pendant des jours. Au total, 1081 maisons furent détruites : plus de 80 % de la rue de la Gare (Stationstraat), devenue ensuite avenue des Alliés (Bondgenotenlaan), la moitié de la rue de Diest (Diestsestraat), la quasi-totalité de la Grand place (Grote Markt), du Vieux marché (Oude Markt), de la rue Juste Lipse (Lipsiusstraat) et de la rue Léopold Ier.

Crimes de guerre

Le toit de l'église Saint-Pierre (Sint-Pieterskerk), la Table Ronde (Tafelrond), le théâtre et la bibliothèque universitaire - située à l'époque dans la rue de Namur (Naamsestraat, photo) - furent également ravagés. Cette dernière vit 230.000 livres, 800 incunables et 950 manuscrits partir en fumée, ce qui souleva l’indignation internationale.

La bibliothèque universitaire sera d’ailleurs détruite une seconde fois, le 17 mai 1940, pendant la Seconde Guerre mondiale. Environ 880.000 des 900.000 livres qu’elle contenait alors brûlèrent dans un incendie déclenché par les bombardements en riposte à l’artillerie allemande. Au printemps 1944, Louvain sera encore bombardé cinq fois par les Alliés.

D’autre part, en 1914, le centre commercial de Louvain fut aussi atteint, ce qui paralysa la vie publique et l’approvisionnement en nourriture. Les citoyens furent également victimes d’actes de terrorisme inédits : intimidation par de fausses exécutions, assassinats ou prises d’otage d’habitants non armés. Finalement 209 Louvanistes perdirent la vie dans leur ville en 1914.

A l’issue du conflit mondial, la ville universitaire fut reconstruite, avec une importante aide financière américaine notamment. Des collectes d’argent furent ainsi organisées dans plus de 300 universités et écoles supérieures des Etats-Unis, mais l’industriel américain Herbert Clark Hoover - qui devint plus tard président - intervint aussi au profit de la reconstruction de Louvain.

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