Du "diesel sale" écoulé en Afrique depuis le port d’Anvers

SP.A et Groen demandent l’arrêt immédiat des exportations de "diesel sale" vers l'Afrique de l’ouest, via le port d’Anvers. Les conséquences pour la santé de la population locale de ces pays sont désastreuses, dénonce le Centre de droit de l'environnement. Selon cette organisation, ces exportations sont aussi illégales. Ce qui signifie que des contre-mesures peuvent être prises.

Dès septembre 2016, l’ONG suisse "Public Eye" avait dénoncé le scandale de l’exportation de "diesel sale". Selon un rapport, le diesel exporté vers des pays d’Afrique de l’ouest ne pourrait être commercialisé en Europe car il est trop polluant et ses hautes teneurs en soufre le rendent très dangereux pour la santé.

"Les traders pétroliers suisses vendent en Afrique un carburant comportant une teneur en souffre de 2000 à 1000 fois supérieur à ce qui est vendu en Europe" estime Public Eye.

Ce carburant est exporté vers des pays d’Afrique de l’ouest depuis les ports d’Amsterdam, de Rotterdam et d'Anvers. L’ONG appelle dès lors la Belgique et les Pays-Bas a interdire ces exportations.

"D'après les normes en vigueur en Afrique, ce diesel peut être commercialisé là-bas", a expliqué à la VRT, le parlementaire flamand Wouter Van Besien, leader des écologistes flamands à Anvers. "Lorsque ce rapport a été rendu public, les responsables politiques belges et néerlandais ont déclaré qu'ils trouvaient cela très grave mais qu'ils ne pouvaient rien y faire.

C’est la raison pour laquelle l’ONG s’est adressée au Centre de droit international de l'environnement (CIEL) à Genève.

Ce centre a effectué une analyse juridique qui démontre que ces exportations se font en violation du droit international. Il fait notamment référence au droit humanitaire et aux droits de l’homme qui garantit la santé de la population. Mais il va même plus loin et se base sur les conventions de Bâle et de Bamako qui interdisent l’exportation et l’importation de déchets dangereux.

Les pays qui ont signé la convention de Bâle ne peuvent pas exporter de déchets dangereux. Quant à la convention de Bamako, elle interdit l'importation en Afrique de déchets dangereux et radioactifs qui ne répondent pas aux normes en vigueur dans les pays exportateurs.

Le "diesel sale" doit être considéré comme un déchet

"Je pense que nous devons considérer le "diesel sale" non comme un carburant mais comme un déchet", a déclaré Wouter Van Besien. "Tant qu’il sera considéré comme carburant, il pourra être vendu mais s’il est considéré comme un déchet, alors il relève d’une autre juridiction et notamment la juridiction européenne".

L’enjeu est aussi politique. "Toon Wassenberg, mon collègue SP.A à Anvers , a tenté de faire voter une résolution au conseil communal  selon laquelle Anvers ne veut plus des exportations de diesel sale, comme l'avait fait avant nous Amsterdam. Mais la N-VA et l’Open VLD ne nous ont pas suivi".

"Dans ce dossier tout le monde se renvoie la balle. Les entreprises industrielles renvoient la balle à la législation, le port d’Anvers au port de Rotterdam, le ministre président flamand Geert Bourgeois aux Etats africains. Nous protégeons nos poumons mais nous acceptons de faire des bénéfices en vendant des carburants très polluants en Afrique", Wouter Van Besien estime qu’il faut mettre un terme à ce cynisme.  "Nous disposons, à présent, d’une plate-forme juridique pour faire changer les choses, j’invite le gouvernement flamand à prendre ses responsabilités" a-t-il conclu.

Les plus consultés