Volvo Gand perd la production du modèle XC60

L’usine gantoise du constructeur automobile suédois ne produira plus le modèle populaire de SUV. La XC60 sera construite en Suède, a confirmé Eric Van Landeghem, l’administrateur délégué de Volvo Gand, à l’ouverture du Salon de l’auto à Bruxelles. En échange, Volvo Cars Gent pourra assembler de plus petits modèles, afin que l’emploi soit préservé dans l’usine flamande.

Le constructeur suédois a tenu à rassurer les travailleurs gantois, en précisant que la perte du modèle XC60 ne signifie pas la fin de l’usine Volvo Gand. "Cette histoire à succès sera remplacée par une autre histoire à succès", a ajouté l’administrateur délégué Erik Van Landeghem.

La production de la S60 Cross Country est en effet prévue à Gand. Et dès 2016, on investira dans l’usine belge pour préparer l’arrivée d’une nouvelle plateforme. L’investissement sera de poids, indique la direction, mais sans donner encore de détails.

L'usine travaillera ainsi à l'avenir sur le concept de Compact Modular Architecture, un programme censé permettre la construction des futurs petits modèles de la marque, dès 2018. Volvo ne veut cependant pas encore préciser de quels modèles il s’agira. On spécule donc sur une XC40, petite sœur de la XC60 qui quitte Gand.

Grâce à l’arrivée d’une nouvelle chaîne de production dans l’usine gantoise, l’emploi devrait y rester inchangé jusqu’en 2025. A l’heure actuelle, Volvo Gand emploie 5.300 personnes avec un contrat permanent et 350 intérimaires.

Modèle important pour Gand

La XC60 (photo) est le modèle le plus important construit à Volvo Gand. Près de la moitié des 264.200 voitures qui sont sorties en 2014 de l’usine de Flandre orientale étaient des XC60. L’an dernier avait d’ailleurs été la deuxième meilleure année pour l’usine, depuis son ouverture en 1965.

En 2014, Volvo Gand produisait en effet 129.132 voitures XC60, 22.216 voitures S60 et 112.852 modèles V40.

"Un emploi sur 5 en danger dans le secteur automobile"

Si le secteur automobile ne se réoriente pas dans les prochaines années, 20% des emplois seront perdus, prévient Luc de Moor, directeur général d'Educam, le Centre de connaissance et de formation du secteur automobile et des secteurs connexes. Une mise en garde faite en marge du Salon de l'auto.

"Si le secteur ne prend pas conscience à temps des changements en cours en matière de mobilité, d'autres prendront le relais". D'après De Moor, la voiture ne répondra plus aux besoins en mobilité des générations futures. "Les garagistes devront se transformer en 'fournisseurs de mobilité'. Pour les jeunes, être mobile ne signifie plus posséder une voiture." Internet a en effet pris une place prépondérante, grâce aux smartphones, dans les choix de mobilité des consommateurs. "Le secteur doit donc évoluer", estime Educam.

Et le directeur de citer l'exemple du secteur de la photographie et de la société Kodak. "Cette société pensait que les gens allaient rester attachés à l'image imprimée. Ce n'était pas la bonne stratégie. Les gens voulaient plutôt capturer des moments et les garder pour la postérité."

Selon De Moor, l'industrie automobile commence tout doucement à s'adapter à l'internet. "Quelque 95% des acheteurs de voitures se sont informés par internet avant d'effectuer leur choix. En 2008, un acheteur potentiel effectuait en moyenne 4,3 visites chez les concessionnaires avant de se décider. Cette moyenne est tombée à 1,3 visite en 2012. Le vendeur n'a donc plus qu'une seule chance pour convaincre. Le consommateur ne reviendra pas une deuxième fois."

Pour soutenir les concessionnaires, Educam a mise en place le plan "route 2020" (www.route2020.educam.be). Le Centre leur conseille aussi de se montrer proactifs. "C'est capital pour leur survie".

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