Un signal fort, mais pas tout le monde fait grève

Alors que les secrétaires généraux des syndicats se déclarent très contents du succès de l’action nationale et demandent aux gouvernements et patrons de tenir compte de "la réalité des travailleurs", l’organisation flamande des employeurs Voka affirme que tout le personnel est au travail dans 77% des entreprises ce 15 décembre. Elle critique aussi les dommages occasionnés par la grève à l’économie.

"Le mouvement d'aujourd'hui est une réussite. Il n’y a encore jamais eu une grève aussi forte, organisée en front commun syndical du nord au sud et d’est en ouest", déclarait ce lundi midi la secrétaire générale de la CSC, Marie-Hélène Ska (photo). Après le président Marc Leemans, elle est le n°2 du syndicat chrétien ACV. "Partout où je me rends, je vois une grande détermination. Mais j'observe aussi une frustration croissante: les délégués et les travailleurs ont l'impression de ne pas être entendus. Il est grand temps que cela change."

Marie-Hélène Ska souligne que les grévistes veulent une répartition plus juste des revenus. "J'espère que les responsables politiques donneront des signaux d'inflexion. Signaux que nous ne percevons toujours pas, même si l'idée qu'il faut générer des rentrées nouvelles progresse petit à petit. Mais on ne veut pas du symbolique. On veut relancer l'économie, et donner des signaux positifs pour les jeunes, qui sont trop souvent sans emploi."

Nicolas Maeterlinck

Marc Leemans a, lui, laissé entendre que le syndicat chrétien allait maintenant se donner plusieurs semaines pour évaluer la situation, l’impact des différentes grèves tournantes et nationale et la réaction qu’y aurait déjà apporté le gouvernement fédéral.

Rudy De Leeuw (photo), à la tête du syndicat socialiste ABVV, qualifie aussi la grève de "grand succès". Il attribue la responsabilité des actions aux gouvernement et employeurs qui "font la sourde oreille" et refusent "une concertation sociale". Les syndicats ont d’ailleurs bloqué nettement plus de terrains industriels et d’entrées d’entreprises ce lundi que lors des grèves tournantes provinciales.

Grève principalement dans les services publics

Une enquête de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) réalisée ce lundi auprès de ses membres révèle qu'une petite minorité de travailleurs du secteur privé a fait grève. Elle a eu lieu principalement dans les services publics (transports, lamaneurs, administrations, ...). Dans les PME, "ils n'étaient pas 10% à se croiser les bras, peut-être même pas 5%", annonce de son côté l'UCM, organisation représentative des indépendants et PME francophones, qui ne dispose toutefois pas encore de chiffres exacts. "Ce sont essentiellement de grandes entreprises industrielles et de grandes centrales industrielles et de services qui ont été touchées, souvent là où quelques grévistes peuvent bloquer l'accès et paralyser l'activité", ajoute la FEB. "A notre connaissance, on n'a pas signalé d'actes de vandalisme."

La Fédération regrette les "dommages importants" engendrés sur l'économie "par une minorité" de personnes et chiffre le coût total de toutes les grèves des dernières semaines à plusieurs centaines de millions d'euros.

L'Union des Classes Moyennes ne dispose pas de chiffres précis, mais estime néanmoins que "les indépendants ont travaillé, tout comme la quasi-totalité du personnel des PME, du moins partout où c'était possible".

Du côté de la Flandre et de Bruxelles, le réseau d'entreprises flamand (Voka) a estimé que l'entièreté des employés a travaillé dans 77% de sociétés, selon une enquête menée auprès de 1.400 établissements. Quelque 7 entreprises sur 10 étaient également accessibles. Près de 20% de sociétés ont fait part de difficultés d'accès à leur zoning industriel. Des piquets de grève ont été placés auprès de 4% des entreprises.

Quant au secteur du commerce, il serait peu concerné par les grèves. D’après la Fédération du commerce et des services Comeos, on a compté en moyenne 5% de grévistes dans les magasins en Flandre et 20% en Wallonie et à Bruxelles. "Très peu de magasins ont dû fermer leurs portes par manque de personnel", explique le CEO de Comeos, Dominique Michel. "Toutefois, les piquets de grève empêchant les travailleurs non-grévistes et les clients d'accéder aux centres commerciaux, rues commerçantes ou magasins ont contraint des magasins de rester portes closes".

Les plus consultés